Résumé du programme

Le « Dictionnaire Permanent de l’Égyptien Ancien » (DPEA) a été conçu pour relever un défi : réaliser l’outil numérique destiné à remplacer le grand dictionnaire de l’Académie de Berlin, référence mondiale aujourd’hui obsolète car représentant un état de connaissance antérieur à la première guerre mondiale. Le recherche égyptologique reposant – entre autres – sur la traduction et le commentaire de très nombreux textes, une actualisation de cet outil est devenu incontournable. Plusieurs « verrous », qui empêchent cette discipline de progresser comme elle le devrait, doivent être aujourd’hui levés. Au vu de la masse documentaire à traiter, voire à retraiter, l’idée d’un nouveau dictionnaire papier est un non-sens. Le dictionnaire de demain sera nécessairement numérique. Cependant, celui-ci ne peut se réduire à une simple base de données difficilement modifiable. Le temps nécessaire au traitement de la documentation est tel que la discipline doit essayer de concevoir ce que sera un outil numérique dans les décennies à venir. Un tel programme passe obligatoirement par un partenariat industriel. L’idée d’un cahier des charges que l'entreprise industrielle devrait réaliser est à rejeter, l’égyptologie ne possédant aucune compétence dans le domaine du numérique. Ce partenariat devra nécessairement prendre la forme d’une co-conception dans le domaine du numérique appliqué aux SHS. Le programme se déploie donc simultanément dans deux directions, étroitement liées et complémentaires : le travail purement lexicographique d’une part, la réalisation de l’outil d’autre part.


Etat d’avancement du programme 

Mise en place, organisation, gouvernance, pilotage, dispositif de suivi etc

Au moment du lancement du projet, le DPEA se trouvait placé sous la responsabilité de Frédéric Servajean et de Dimitri Meeks. Ce dernier ayant quitté le programme, Frédéric Servajean en assure seul la responsabilité. Un comité scientifique a été constitué, composé de 3 membres internes et de 3 membres externes : Christophe Thiers (directeur de l’USR 3172, CFEETK, interne), Ivan Guermeur (CR1, Directeur de l’équipe ENiM de l’UMR 5140-ASM, interne), Frédéric Servajean (PR2, UMR 5140-ASM, interne), Christian Leitz (professeur à l’Université de Tübingen, externe) Harco Willems (professeur à l’Université catholique de Leuven, externe), Günter Vittmann (professeur à l’Université de Wurzbourg, externe). Le comité vérifie l’adéquation du travail fourni avec les objectifs fixés. Au quotidien, 7 vacataires (nécessairement post-docs) travaillent au programme DPEA (6 Labex et 1 Fondation Universitaire Hiérolexique). Ils réalisent le travail lexicographique. En outre, 3 ou 4 fois par année universitaire, le partenaire industriel (Intactile Design) organise des réunions de co-conception de l’outil numérique. Au cours de celles-ci se mettent en place, les uns après les autres, les modules constitutifs de l’outil. Il est à remarquer que l’outil qui se dessine est radicalement différent de l’idée de départ. Les résultats de ces réunions sont informatiquement « mis en forme ». Ils sont ensuite testés et validés par les membres du DPEA lors de réunions internes.
Les objectifs d’un programme tel que le DPEA ont été redéfinis, l’IPH (Inventaire Permanent des Hiéroglyphes), grand consommateur de temps, ayant été remis à plus tard.

La première étape, actuellement en cours et financée par le LABEX, est constituée de 3 objectifs.

- Objectif 1 : co-conception et réalisation de l’outil numérique (en cours) ; il s’agit de réaliser l’essentiel du travail informatique.

- Objectif 2 : réalisation d’un nombre suffisant de notices lexicographiques complètes permettant de tester l’outil numérique en profondeur (actuellement autour de 175 ; ce nombre est suffisant pour effectuer les tests nécessaires).

- Objectif 3 : établissement de la liste complète des mots (avec les mots nouveaux, les mots à supprimer et les mots à problème). Ce travail est en cours de réalisation. Deux ou trois ans supplémentaires sont encore nécessaires pour l’achever.


L’étape n° 2 (après l’achèvement de l’étape n° 1) est composée de 3 objectifs. Ce travail sera effectué en collaboration avec les programmes financés par l’Académie de Berlin. Le principe d’une réunion regroupant tous les acteurs de la discipline, à l’échelle internationale, vient d’être accepté par les futurs partenaires. Ces objectifs sont les suivants :

- Objectif 1 : finalisation définitive de l’outil numérique (derniers tests et mises au point à effectuer).

- Objectif 2 : notices lexicographiques complètes des mots nouveaux, justification lexicographique de la suppression des mots à supprimer, notices « complètes » des mots à problèmes.

- Objectif 3 : réalisation des notices lexicographiques complètes des mots qui ne posent pas de difficultés (affinement sémantique, nuances de sens, etc.).

Résultats obtenus : recherche, formation, innovation

Les notices lexicographiques rédigées sont, à l’heure actuelle, les réalisations les plus complètes dans le domaine de la sémantique de l’égyptien ancien. En outre, la liste complète des mots n’a curieusement jamais été réalisée, la masse de travail nécessaire pour ce faire étant considérable. Celle-ci constituera une avancée notable – le squelette, en quelque sorte, du futur dictionnaire.
Les membres du DPEA sont confrontés dans ce travail à des difficultés insoupçonnées, levées lors de séminaires réguliers réunissant tous les membres du programme. En effet, rédiger une notice lexicographique, voire une série de notices, n’est pas équivalent à la réalisation d’un dictionnaire, d’un dictionnaire numérique de surcroît. Ce n’est qu’une partie du travail. Le nombre de mots attestés ayant notablement augmenté depuis la réalisation du dictionnaire de Berlin, les membres du DPEA se trouvent aujourd’hui confrontés à des difficultés que les chercheurs ont mis de côté pendant plusieurs décennies (presqu’un siècle). Le DPEA s’attèle donc à lever ces verrous les uns après les autres.

Il est évident que le succès de l’entreprise constituera une innovation notable permettant de considérables économies de temps pour les chercheurs et des croisements d’informations que les ouvrages papier ne permettent d’effectuer que dans une moindre mesure. En outre, le DPEA sera un dictionnaire ouvert, c’est-à-dire modifiable en permanence en fonction des avancées de la recherche. Les chercheurs pourront soumettre à un collectif d’experts les résultats de leurs travaux, qui seront, si cela s’avère nécessaire, intégrés au DPEA (corrections de notices et autres modifications nécessaires...).

En outre, l’outil numérique, dans sa dimension informatique, déploie un certain nombre de fonctionnalités qui pourront être utilisées ensuite dans des programmes similaires.

Pour réaliser cet outil numérique, un partenariat a été instituée avec une équipe d’informaticiens et de designers informatiques de l’entreprise Intactile Design (ID).

Pour parvenir à déterminer les besoins des égyptologues et traduire ces besoins de manière à proposer une interface et un outil qui répondent à ces besoins, des réunions préliminaires ont été organisées entre les égyptologues du projet DPEA et ID.

Une première interface V0.1 a été produite par ID, à partir des résultats de cette réunion. L’interface a été évaluée ; évaluation qui s’est traduite par des ajouts, des suppressions, des corrections, etc. L’évaluation s’est effectuée à deux niveaux : en interne dans un premier temps puis lors des réunions de co-conception avec ID.

Une nouvelle réunion de co-conception a donné lieu à une deuxième interface (V0.2). Le processus d’évaluation a été le même. En fin de réunion (février 2014), de nouvelles réflexions communes ont été lancées pour déterminer les nouveaux modules informatiques à développer en priorité.

Moyens humains : stratégie d'attractivité, modalités, procédures et origine des personnels recrutés (critères de recrutement)

Le DPEA est, par définition, un programme international, situé au cœur d’une discipline. Il n’y a pas d’égyptologie sans textes et de traduction et commentaire possibles sans dictionnaire. Les postes des vacataires (post-docs obligatoirement) sont publiés sur le site du LABEX ARCHIMEDE et mis au concours.
Si les enseignants-chercheurs égyptologues de l’Université de Montpellier 3 ont pour principale spécialité la formations aux différents états de langues de l’égyptien ancien et l’UMR 5140-ASM la lexicographie, il est logique que plusieurs des vacataires soient issus de cette université et de cette équipe. En revanche, les trois derniers recrutés proviennent de différentes universités européennes : 1 vacataire hongroise, 2 italiens.
 
Partenariat avec les entreprises, Relations contractuelles
 
Les membres du DPEA travaillent de concert avec un partenaire industriel : Intactile Design (Intactile.com). Cette entreprise est spécialisée dans la conception d’interfaces utiles, intuitives, destinées à répondre à des problématiques technologiques où l’usager retrouve toute sa place. Il s’agit d’un partenariat de recherche et non d’un cahier des charges qui aurait été établi en amont par les membres du DPEA. La co-conception permet de faire surgir au cours des réunions de travail (1 journée complète pour chacune) des problématiques spécifiquement liées au numérique, auxquelles les égyptologues n’avaient pas pensé. De cette collaboration naîtra un outil parfaitement adapté à l’informatique des prochaine décennies et non une simple base de données, voire un simple site internet ne prenant en compte aucune des avancées les plus récentes du numérique.


Perspectives 2014

Le principe d’une réunion, en 2014, regroupant les membres du DPEA, de Berlin, de l’USR 3172 (CFEETK) et de toutes les équipes – françaises et étrangères – travaillant sur des programmes informatiques liés aux textes de l’Égypte ancienne a été arrêté. Il s’agira de définir exactement l’objectif de chacun dans une perspective de coopération internationale. Pour le DPEA, le but est d’établir un programme de coopération lui permettant de mener à bien l’étape n° 2 dont il a été question plus haut. Il est évident qu’ainsi défini, l’ampleur du travail à effectuer est telle qu’il sera nécessaire – encore une fois dans ce cadre international – de rechercher les financements permettant de l’effectuer.