Des textes anciens décrivent que l'une des pratiques rituelles les plus impressionnantes des Celtes pendant l'âge du fer (800 avant J.-C. – fin du Ier siècle avant J.-C.) était de couper les têtes des ennemis tués au combat et de les embaumer pour les exposer devant les maisons des vainqueurs. Les fouilles archéologiques réalisées sur le site du Cailar (Gard), sous la direction de Réjane Roure (UPVM et UMR – ASM) ont révélé un nombre considérable d'exemples de cette pratique.

Dans le cadre du projet scientifique « Des armes et têtes coupées » financé par le LabEx ARCHIMEDE, des chercheurs du laboratoire Archéologie des sociétés méditerranéennes (CNRS/Université Paul-Valéry Montpellier 3/Ministère de la Culture) et de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale (CNRS/Université d’Avignon/Aix-Marseille Université/IRD) ont effectué des analyses chimiques sur des fragments de restes humains et animaux afin de vérifier s’ils avaient subi un traitement spécifique. Les résultats révèlent qu’une partie des échantillons analysés contiennent des biomarqueurs de résine de conifère et des molécules de composés aromatiques obtenus uniquement lorsqu’on chauffe à haute température de la résine d’arbres appartenant à la famille des pins. Il s’agit donc bien d’un traitement volontaire, correspondant à celui décrit dans les sources littéraires antiques. C’est la première fois que des analyses chimiques permettent de prouver que les Gaulois pratiquaient l’embaumement de certaines têtes durant l’âge du Fer.

 

Abstract :

Ancient texts described that one of the most impressive ritual practices of the Celts during the Iron Age was to remove the heads of enemies killed in battle and to embalm them for display in front of the victors dwellings. An archaeological settlement excavation site in Le Cailar, in southern France, has revealed a considerable number of examples of this practice. It was documented by Classical authors and later by the archaeological recording of iconographic representations and skeletal remains of human heads. Weapons were also exhibited alongside the severed heads. Here we report the results of chemical investigations for the characterization of the biomarkers of embalming that are likely to be present in eleven fragments of these human cranial remains. These results may lead to answers to some of the archaeometric questions related to the subject of embalming in 3rd century BC Transalpine Gaul, thus advancing the knowledge of these ritual practices, documented by Greek Classical authors as part of the wider research into the proto-historic societies of the Mediterranean coastal region.