Gendron

Juliana Gendron, est Doctorante en Histoire Ancienne, sous la direction du Pr. Agnès Bérenger.

Doctorante contractuelle (2015-2018) avec le LabEx Archimede (Axe 4 : Représentations symboliques) et attachée au Centre de Recherches Interdisciplinaire en Sciences Humaines et Sociales de Montpellier C.R.I.S.E.S., EA 4424, Université Paul-Valéry, Montpellier III.

Associée au projet ILN-Narbonne.
Agrégée de Lettres Classiques.

 

Thèse de doctorat : Les origines de l’apothéose impériale.

Issue d’une formation en Lettres et Philosophie, elle a travaillé, lors de son mémoire de Master Recherche, sur la dimension littéraire et philosophique du culte impérial. En prenant pour point d'ancrage une réflexion terminologique, elle a souligné combien la dénomination même de cette pratique religieuse et politique que constitue l’apothéose impériale est problématique. Pourquoi avoir employé un terme grec pour évoquer une pratique, qui d’après nos sources, n’a aucun événement semblable et précurseur dans le monde grec ? Comment, d’autre part, comprendre cette difficulté que les Anciens avaient pour nommer la divinisation post-mortem des empereurs, optant de manière systématique pour l’emploi de périphrases abstraites ou encore d’emprunts ?

Sa thèse, dans la continuité de ce questionnement terminologique, est une étude des dynamiques qui ont conduit à l’émergence d’une telle pratique au Ier siècle avant J.-C.. En l’espace d’un an surgissent deux faits marquants qui semblent dessiner les prémisses de l’apothéose impériale telle qu’elle sera instituée quelques années plus tard par les autorités. En 45 av. J.-C., c’est dans un contexte privé et savant qu’apparaît pour la première fois le dessein mais aussi le mot même d’apothéose. Cicéron, qui s’est réfugié dans la philosophie, veut diviniser sa fille défunte. Mais le projet avorte, menacé par de violentes critiques qui accusent l’homme politique de folie sénile. Cependant, en 44 av. J.-C., à la mort de César, une manifestation populaire réactive cette idée sur le forum. La foule, présentée par les historiens comme une masse incontrôlable agissant de manière spontanée, aurait officié dans le plus grand désordre l’apothéose du général. Ce mouvement est rapidement réprimé par les autorités qui mettent à mort les intrigants. Ainsi, en moins d’un an, à deux reprises, le projet de diviniser un défunt apparaît à Rome et, fait remarquable, à des niveaux de la société tout à fait différents. Avec l’accession à la tête de l’Etat du futur Auguste, l’apothéose devient un enjeu de pouvoir et de légitimation d’une dynastie en prenant la forme officielle d’un décret du Sénat. L’émergence de l’apothéose constitue donc un changement notable au plan religieux, philosophique et politique. Le culte impérial n’a cependant jamais été revêtu d’un caractère systématique et a, par ailleurs, toujours été soumis à des critiques et parodies. Pour autant, cette pratique impériale a, semble-t-il, dépassé le cadre public pour transformer en profondeur les cultes funéraires rendus aux simples particuliers. Les représentations sur les tombeaux ainsi que les épitaphes suggèrent que l’apothéose impériale est devenue une norme, autrement dit une véritable institution.

Ce travail s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire qui vise à confronter les sources textuelles aux sources non textuelles, numismatiques, épigraphiques, iconographiques et archéologiques.