Spécificité culturelle du Gharb (Maroc) (2014-2018)

 

Responsable du projet : Claire-Anne de CHAZELLES

 

Le projet se propose de cerner l’identité culturelle des populations maurétaniennes de la plaine du Gharb (Maroc) à travers plusieurs problématiques comme la production locale de céramiques peintes protohistoriques, la construction en terre crue ou le processus de romanisation à partir du Ier s. de n. è. Cette zone du nord du Maroc représente en effet la limite méridionale des influences méditerranéennes durant toute l’Antiquité, mais les échanges y sont attestés dès le VIIe s. av. n. è. L’approche diachronique prend en compte la réoccupation des sites et leurs transformations lors de la période islamique. Les résultats concernant la région du Gharb offrent un parallèle indispensable aux données du détroit de Gibraltar où les sites sont directement impliqués dans l’économie méditerranéenne.
Le programme fait l’objet d’un partenariat entre l’UMR 5140 ASM et l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine du Maroc (INSAP) et bénéficie du soutien financier du LabEx, du MAE et de la Casa de Velasquez. En partant du cas de figure du site de Rirha que l’on tente d’intégrer dans un contexte élargi aux sites proches/contemporains (comme Kouass dans le nord du pays), le programme quadriennal « Rirha et l’identité culturelle du Gharb » lancé en 2013 a pour objectifs de préciser les caractéristiques de l’habitat maurétanien tardif et son adaptation aux modèles romains, ainsi que la synthèse des acquis dans les différents domaines de la culture matérielle pour la période Ier s. av. n. è. – IIIe s. de n. è. et la période du haut Moyen Âge islamique (IXe-XIe s.). Les travaux réalisés sur les matériaux de construction et sur les pâtes de céramiques ont permis de cerner leurs caractéristiques et participent à la constitution d’une base de données de références pour les murs et les revêtements de terre. L’équipe-projet est partenaire scientifique du programme TERMaghreb porté par l’UMR8546-ENS et le Programme PSL. Ce partenariat s’est traduit par la co-organisation d’un colloque sur les architectures en terre qui s’est tenu à Meknès en 2014, à Sétif en 2015 et à Paris en 2016. Colloque qui a permis d’établir un panorama des pratiques constructives maurétaniennes et maurétano-romaines au Maroc.
L’avancement des fouilles archéologiques sur le site de Rirha apporte des données très nouvelles sur un habitat du Ier s. av. J.-C. de la plaine du Gharb, des points de vue de la structuration et de la fonction des espaces, avec la reconnaissance d’espaces domestiques, de lieux d’activités (fonctions à préciser) et de circulation ; l’attention portée aux matériaux et aux modes de construction en terre montre un usage exclusif de la brique crue ainsi que la pratique des murs doubles qui suggère l’existence d’étages. Pour la période romaine (IIe-IIIe s.), l’étude détaillée d’une « huilerie » associée à une domus constitue également une nouveauté par les méthodes de fouilles et d’analyse du bâti qui sont développées, permettant de voir évoluer les bâtiments. De nouveaux éléments du pressoir mis au jour en 2015 (prelum et contrepoids) sont venus préciser le type dont il relève mais, par ailleurs, la découverte d’abondants pépins de raisins conduit à s’interroger désormais sur l’utilisation des deux pressoirs jumeaux.
Dans le domaine de la céramologie, la mise au jour de remblais formés par des dépotoirs de potiers, dans le quartier du Ier s. av. J.-C., a confirmé l’existence jusque-là présumée d’un atelier sur place ; le corpus des pièces fabriquées à Rirha va contribuer à définir le faciès maurétanien de cette région à la fin de l’époque d’indépendance. De même, l’étude des mobiliers des IXe-XIe s. issus des comblements de larges fosses médiévales apporte des informations sur la première phase de réoccupation du site après l’Antiquité (dite phase d’islamisation), encore mal connue dans cette zone du Maroc.
La poursuite des études d’archéobotanique et d’archéozoologie permet d’affiner, dans ces domaines aussi, les faciès propres à la région du Gharb, tant au Ier s. av qu’aux IIe et IIIe s. ap. J.-C. et au Moyen Âge, conduisant de la sorte à identifier l’impact de la romanisation puis de l’islamisation sur l’élevage, l’agriculture et l’alimentation.

 


 

The french-­‐marroco project contributes in defining the cultural identity of the mauretanian populations who lived in the Gharb region (Rirha, Banasa, Volubilis, Thamusida, Ferme Priou), which represents the southern limit for mediterranean influences during antic times. Parallels will be made between the Gharb region and northern Marroco that is closer to mediterranean currents. The diachronical studies envolve periods before and after the romanconquest, including medieval times.
French researchers (5 Umr Cnrs, 4 universities), marrocan researchers (Ministery of Culture, 3 universities) and a spanish one (museum of Valencia) collaborate in the excavations, publish together and work for the formation of marocan students in archaeology.
This program offers an opportunity to create durable scientific links between archaeologists from Marroco and members of the LabEx ARCHIMEDE, giving chance to french students or young researchers to enlarge their problematics to north Africa.