Troisième mission Guadalquivir du programme OLEASTRO (hiver 2017)

La mission Guadalquivir 3 s’est déroulée entre le 13 février et le 19 mars 2017. Elle a été financée par le LabEx ARCHIMEDE, la Casa de Velázquez et l’Université de La Rochelle. Deux équipes ont exploré pendant cinq semaines la vallée du Guadalquivir, entre Cordoue et Séville, afin d’alimenter les travaux de recherche en cours. Ces recherches complètent et enrichissent celles réalisées notamment par G. Bonsor à la fin du XIXe s. et par M. Ponchish dans les années 1970/1980.

Les résultats des recherches dans la zone de Cordoue

Dans le territoire du Conventus Cordubensis, dans la zone qui s’étend de part et d’autre du Guadalquivir, entre Palma del Rio et Cordoue, la mission a été coordonnée par Iván González Tobar, doctorant des universités de Montpellier 3 et de Cordoue. Elle avait pour but de localiser précisément, grâce à des prospections électromagnétiques ciblées, des fours à amphores à huile sur un certain nombre d’ateliers déjà prospectés, et de réaliser des prospections pédestres sur les ateliers d’amphores connus qui n’avaient pas été traités lors de la mission de l’automne 2016. L’objectif était aussi d’explorer les villae situées aux abords du fleuve et susceptibles d’avoir produit également des amphores. Quelques incursions dans la vallée du Tamujar, affluent du Guadalquivir, étaient également prévues, cette zone ayant révélé en octobre 2016, de très grandes potentialités scientifiques avec en particulier la découverte d’un atelier de Dr. 20 d’époque augusto-tibérienne.

Un total de 20 sites a été prospecté : 7 ont fait l’objet de prospections géophysiques et 13 ont fait l’objet de prospections pédestres, dont 11 sont assurément des ateliers d’amphores à huile, 4 pouvant être considérés comme de nouveaux ateliers. Un total de 187 timbres a été ramassé, dont 10 sont inédits dans le répertoire des estampilles sur Dr. 20. Par ailleurs, 5 timbres uniquement connus en contexte de consommation ont pu être rattachés à un lieu de production. Une centaine de timbres a par ailleurs été récupérée dans deux collections privées appartenant à D. García Arrabal et J. Vázquez.

Prospections pédestres sur l’atelier de Mesa de los Carneriles (Hornachuelos).

Doc. I. González Tobar, LabEx Archimede del. 2017.

La première semaine a été consacrée aux prospections géophysiques réalisées en partenariat avec l’UMR 7266 de l’Université de La Rochelle par François Levêque (MCF en Archéométrie) et Kevin Combe (doctorant). Un total de 7 ateliers de production a été prospecté et une quinzaine de fours a pu être localisée. Le programme de recherche a pu également bénéficier de prospections aériennes thermiques réalisées par un drone appartenant à la société Airdronebuilder (http://airdronevision.es/) qui a souhaité réaliser avec OLEASTRO, des actions destinées à améliorer par des applications pratiques, ses méthodes d’acquisitions de données.

Prospections géophysiques sur l’atelier d’El Mohino (Palma del Río), sur la rive gauche du Guadalquivir, avec en arrière-plan, le rebord de la zone de plateaux et de collines de la Campiña.

Doc. Q. Desbonnets, LabEx Archimede del. 2017.

La dernière semaine de mission, a été organisée une journée « Portes ouvertes » destinée à la diffusion vers le grand public, des résultats des recherches archéologiques du programme OLEASTRO. Une cinquantaine d’enfants de l’école municipale d’Ochavillo a bénéficié d’une présentation détaillée des connaissances sur les ateliers d’amphores à huile (http://www.fuentepalmerainformacion.es/ochavillo-del-rio/item/1141-la-economia-de-la-antigua-roma-objeto-de-investigacion-en-ochavillo-del-rio)

Enfin, la mission a permis de former aux méthodes de prospection et d’analyse, un groupe de 7 étudiants, venus des universités de Montpellier (M1 et M2), Séville (M2), Cadix (M2) et Genève (M2), ce qui a suscité de nombreux échanges scientifiques et linguistiques au sein de la mission. Par ailleurs l’équipe au complet a pu profiter de la présence de Piero Berni Millet, spécialiste de l’épigraphie amphorique et membre associé de l’ICAC de Tarragone et de l’UMR 5140 « ASM »-Montpellier, qui a fait bénéficier les membres de la mission de son expertise.

 

Les résultats des recherches dans la zone de Séville

Dans le territoire du conventus hispalensis, les recherches coordonnées par Q. Desbonnets (doctorant des universités de Montpellier 3 et de Séville), avec la collaboration de Corinne Dubler (doctorante des universités de Montpellier et de Fribourg), ont porté sur la partie aval du Guadalquivir, située entre Lora del Río et Brenes où une quinzaine d’ateliers était répertoriée grâce aux recherches de Bonsor et de Ponsich. Une dizaine de sites a pu être prospectée et des recherches ont également été réalisées sur une dizaine d’autres gisements, considérés comme de simples villae ou établissements ruraux par nos prédécesseurs. Cette mission a permis d’achever les recherches dans le conventus d’Hispalis et de préciser la chronologie et l’extension de plusieurs sites de production majeurs comme celui d’El Judío, couvrant 6 ha et finalement daté entre les années 30 ap. J.-C. et le Ve s., comme le montre le très abondant corpus de bords d’amphores Dr. 20 et Dr. 23 ramassés lors des prospections de surface.

Vue aérienne prise du sud-ouest des ateliers de la zone Azanaque/El Judío (Lora del Río) sur la rive gauche du Guadalquivir.

Doc. V. Lauras et Q. Desbonnets, LabEx Archimede del. 2017.