Résumé :

La valeur et le caractère informatif des inscriptions présentes sur l’instrumentum domesticum ont véritablement été appréhendés pour la première fois à partir de la fin du XIXe siècle, notamment grâce aux travaux pionniers d’Heinrich Dressel sur briques, tuiles et amphores découvertes à Rome. Pour la province de Gaule Narbonnaise, il a fallu attendre près de cent ans, avec la publication de la thèse de Fanette Laubenheimer sur les amphores gauloises, ce qui a permis de répertorier des graffiti et des tituli picti, mais surtout de regrouper un corpus de 289 estampilles, soit 61 timbres distincts. Les premiers recueils de timbres sur matériaux de construction en terre cuite sont des travaux de collectes et d’inventaires réalisés à une échelle régionale ou micro-régionale, également dans les années 1980.
Cette thèse s’inscrit dans la continuité de ces recherches. Elle présente deux catalogues. Le premier concerne les matériaux de construction en terre cuite avec 3183 timbres correspondant à 241 estampilles distinctes. Et le deuxième, les amphores gauloises et les couvercles de celles-ci, avec au total 941 timbres, soit 209 estampilles distinctes. Ce travail d’inventaire a été possible grâce au dépouillement de nombreuses revues, ouvrages et autres ressources bibliographiques. Les normes de cette documentation étant différentes, toutes les illustrations ont été homogénéisées afin d’être publiées à l’échelle 1/1, avec un même code couleur.

La réalisation de tels corpus de timbres ouvre la porte à des études préliminaires qui apportent d’importants renseignements sur les différentes structures de productions mais aussi sur les producteurs. L’étude chronologique de la paléographie des estampilles permet d’aborder les habitudes de timbrage d’une province, à un moment donné et parfois en fonction de la zone de production. La réalisation de cartes de répartition permet d’étudier la diffusion des matériaux. Enfin, les études prosopographiques permettent d’en apprendre un peu plus sur l’identité des personnages qui apposaient leur nom sur les productions.

Un des objectifs premiers de cette thèse est de fournir aux archéologues et aux historiens un outil de travail exploitable lors de la découverte de timbres sur tuiles, briques ou amphores gauloises. Nous avons également souhaité faire prendre conscience de l’intérêt de communiquer ces découvertes et de mentionner les contextes chronostratigraphiques, afin de pouvoir mener une réflexion socio-économique à l’échelle d’une province entière.