Des nouvelles de la mission Guadalquivir-2

Les recherches conduites en 2016 dans le cadre du programme OLEASTRO ont permis de traiter 42 ateliers d’amphores à huile Dr. 20 sur un total actuellement répertorié d’une soixantaine de sites de production qui occupe le Bas-Guadalquivir, entre Cordoue et Séville.

Vue aérienne, prise du sud, de l’atelier de la Corregidoja (Hornachuelos). Doc. V. Lauras, LabEx ARCHIMEDE del. 2016.

Une trentaine d’établissements ruraux/villae a également fait l’objet de prospections pédestres qui ont permis de les dater finement et de mieux caractériser leurs activités, en particulier oléicole. En parallèle, des prospections géophysiques conduites sur trois ateliers ont livré des images au sol particulièrement précieuses, à la fois pour affiner les méthodologies existantes et s’adapter aux contraintes particulières de ce type de site mais également pour localiser les fours dont certains devraient faire l’objet de fouille en 2017 et 2018. Ces données seront intégrées dans les thèses en cours de Quentin Desbonnets et Ivan González Tobar, en cotutelle avec les universités de Séville (E. Garcia Vargas) et de Cordoue (E. Melchor Gil) et qui portent respectivement sur les conventus d’Hispalis et de Cordoba.

Les résultats les plus significatifs concernent d’abord la chronologie des ateliers qui a pu être précisée à partir de la confrontation des datations des timbres trouvés sur les sites de consommation de l’Occident romain avec les très nombreux fragments d’amphores collectés à la surface des sites. Dans la plupart des cas, les ateliers ont vu leur période d’apparition être remontée de plusieurs décennies, les années 30/40 ap. J.-C. apparaissant comme fondamentales dans ce phénomène d’apparition massive de centres de production d’amphores à huile.

Une avancée significative a été réalisée concernant l’implantation d’ateliers dans la zone de plateau et de collines qui se trouve entre Carmona et Cordoue. La découverte d’un atelier augustéen à Fuente Palmera permet d’illustrer cette réalité et fourni en outre un point de réflexion particulièrement précieux pour la réflexion sur ces premiers ateliers qui, dans l’état actuel des recherches et malgré l’importance des exportations d’huile de Bétique à cette époque, ne sont que deux à être connus. La présence d’un atelier à El Marchante (Lora del Río) et l’identification d’un autre atelier du plein Ier s. situé dans la Campiña confirment bien que tous les centres de production de Dr. 20 ne se situent pas le long du Guadalquivir ou du Genil.

Un autre apport concerne le lien fréquemment observé entre atelier d’amphores et villa oléicole qui indique que les Dr. 20 étaient d’abord destinées au conditionnement de l’huile du domaine auquel il appartenait et que le paradigme selon lequel l’huile provenait de fermes situées en retrait de l’auge fluviale du Guadalquivir doit être reconsidéré. Cette dernière n’était pas répulsive ce qui invite aussi à nuancer l’opinion généralement admise d’oliveraies situées en retrait des terres lourdes de la vallée. Se confirme par ailleurs le rôle des agglomérations antiques situées entre Peñaflor et Lora del Río (conventus d’Hispalis) dans la production d’amphores, à partir de l’époque flavienne et sans doute jusqu’au règne des Sévères. Ces résultats confirment l’intérêt heuristique de l’étude des ateliers de Dr. 20 pour l’étude de l’évolution socio-économique de la Bétique occidentale dans la mesure où elle révèle, sur trois siècles, les adaptations et évolutions de la filière oléicole.

Enfin, quelques études de cas ont permis des avancées méthodologiques et scientifiques essentielles comme par exemple celle de l’atelier d’El Mohino (Palma del Río) où trois zones de production distinctes et présentant des chronologies différentes ont été mises en évidence sur 6 ha, associée à une grande villa.  A El Sotillo (Almodovar del Río), c’est toute la stratigraphie de la zone de dépotoir qui a été relevée sur plus de 150 m de long, sur la berge de l’arroyo du même nom tandis que la partie basse d’un probable entrepôt a été observé à l’opposé, près de l’ancienne berge du Guadalquivir.

Vue aérienne prise du sud, de l’atelier d’El Sotillo (Almodovar del Río) avec sa zone de dépotoirs mise au jour par les crues de l’arroyo. Doc. V. Lauras, LabEx ARCHIMEDE del. 2016.

 

Carnet des fouilles archéologiques de la Casa de Velázquez